2016年12月5日月曜日
L'artiste chinois de Paris a fait jaillir des sculptures des images plates des magazines, plongé le visiteur dans un Tunnel d'espace-temps. Chez Laurent Godin, dans le XIIIe, il transforme tout en hôpital de l'art.
Wang Du est un personnage important du monde de l’art contemporain français même s'il est né en République populaire de Chine, à Wuhan, en 1956. Depuis qu'il s'est installé à Paris en 1990 n'a pas cessé de frapper fort les esprits. Au Palais de Tokyo, en 2004, il avait bousculé tous les façons de faire habituelles avec sa «Wang Du Parade #4».
Le spectateur était invité à pénétrer dans son Tunnel d'espace-temps. Un vrai tunnel de métal où les programmes diffusés en direct par 64 chaînes de télévision du monde entier s'entrechoquaient et défilaient pendant toute la traversée de l'œuvre, noyés parmi des milliers de journaux d'information, immergés dans une fusion de langages de toutes provenances. Mettre fin aux discours pour revenir au sens demande de la stratégie et de la tactique. Et Wang Du les maîtrise.
Il est aussi doué pour mettre en espace une idée. Dans les 500 m2 de la Galerie Laurent Godin 2, il a de nouveau tout bouleversé pour mettre en évidence ce qui est d’habitude caché et les problèmes de notre époque globalisée, bavarde et anxieuse. Le visiteur est invité dans « La Clinique du monde », un labyrinthe de voiles blancs qui découpent l'exposition en onze pièces, chaque pièce correspond à un service hospitalier. On commence gaiement, crûment, par la Cantine, avec une peinture immense, criarde et sexe qui rappelle les inscriptions et les dessins des carabins sur les murs de leurs réfectoires. Dans le Service ORL, les beaux journaux froissés d'hier sont devenus des bronzes monumentaux et précieux. En effet, l'hégémonie de la presse est un des thèmes privilégiés de Wang Du. Ici, la calligraphie arabe, là l'alphabet cyrillique de la Pravda, là encore les titres au libéralisme entier du New York Times.
Ce sculpteur sait très bien utiliser comme une arme le changement d'échelle, surdimensionner le chat et le rat pour en faire deux monstres rose chair (Médecine interne). Ses deux gisants de marbre dorment mortellement sous leurs suaires et s'en sont fait les sigles de l'ONU et de l'Otan. Les drapés gris de la pierre tombent sur un sol froid (Morgue).
Plus étonnants, ses vingt aspirateurs autonomes de 35,5 cm de diamètre qui, ensemble, dessinent la carte géopolitique du monde (Chirurgie) et qui s'éparpillent comme des feux follets dans tous les services de cette « Clinique du monde ». Psychiatrie et Psychologie transforme en guirlandes de fête foraine 999 photographies couleur des puissants de ce monde, toutes grimaces en avant (Trump comme Hillary). Les petits fourbis des vies banales remplacent les secrets de la nature de la Médecine chinoise. Le tout est simplement sidérant, drôle et juste, dérangeant à point.
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